Madeleine de Proust

J'ai répondu à un questionnaire des éditions Omnibus : il s'agissait de décrire "sa" "madeleine de Proust". Le cadeau était alléchant : toute la Recherche... en deux volumes. Si j'avais gagné, cela n'aurait été que la troisème édition à figurer dans ma bibliothèque, mais j'avais envie d'essayer.Voici donc ce que j'ai écrit :

Si  l’on me demandait quelle est ma « madeleine de Proust », je serais bien ennuyée… En effet, j’en ai plusieurs, qui éveillent en moi tout un monde de souvenirs d’enfance. Comme chez Proust, ces souvenirs sont d’ordre gustatif. Parmi eux se trouvent le bouillon de ma grand-mère maternelle et la soupe au lait de ma grand-mère paternelle. Le bouillon était celui d’un pot-au-feu, longuement mijoté sur le poêle à charbon, et son arôme inimitable lui venait d’un morceau de veau ajouté à la viande de bœuf…Quant à la soupe au lait, elle tenait son goût si particulier de l’association d’un lait arrivé directement de la ferme voisine et de vrai pain de campagne. J’ai pu reconstituer, par hasard, le goût du bouillon, mais seule ma mémoire conserve le goût de cette soupe au lait. En effet, j’ai tenté de cuisiner la même d’après les conseils de ma tante qui en connaissait la recette, mais en vain. Cette soupe au lait avait aussi la senteur de l’automne, de la fin des vacances ; elle accompagnait la cueillette des mûres et des noix fraîches qui formaient le dessert d’un repas pris sous la lampe, autour d’une grande table de bois qui réunissait trois générations dont il ne reste presque plus personne aujourd’hui…

Mon texte n'a visiblement pas séduit le jury, mais ce n'est pas grave!